« L’envol », c’est l’histoire d’un duo, celui d’une mère célibataire, Gabrielle, et de sa fille, Lili. Un duo de choc, soudé comme jamais. Des premiers pas de Lili à l’entrée dans la vie d’adulte, nous la voyons grandir, évoluer, s’affirmer. Nous constatons aussi tous les sacrifices que fait Gabrielle pour le bien être de sa fille, sa manière bien à elle de la protéger. Mais ce qu’on remarque surtout, c’est la métamorphose de la relation mère-fille au fil du temps. D’une véritable fusion, nous passons à des liens plus distendus : des jours, des semaines, des mois passent sans qu’il n’y ait de nouvelles de l’autre, ou de moments à deux. Les disputes et les absences remplacent les moments de complicité et d’amour. La vie fait son bout de chemin avec ses aléas et ses déconvenues.

Aurélie Valognes fait partie des écrivains que j’affectionne et dont j’attends chaque nouveau livre avec impatience. Cette fois-ci, l’autrice fait preuve d’audace, non pas en abordant le thème « mère-fille » ou le sujet de la monoparentalité (même s’il en est question) mais en termes d’écriture. Deux « Je » se succèdent tout au long de l’ouvrage pour donner tour à tour la parole à la mère et à la fille. Deux discours sur le ton de la confidentialité, qui permettent de mieux cerner les deux points de vue sur diverses situations, mais aussi de mieux comprendre les personnages, leurs réactions et les éventuelles quiproquos. Court, dynamique, percutant, le récit pourrait se lire d’une traite. Tantôt triste, tantôt drôle, l’histoire est avant tout celle d’un amour qui ne s’éteint jamais. C’est complexe, c’est beau et ça nous touche en plein coeur.