Jo vient d’achever ses études et s’apprête à reprendre une exploitation caprine. De son côté, Anouk a décidé de se mettre au vert pour réaliser son rêve d’apicultrice. Enfin, Coline, mariée et mère de deux enfants, est connue dans le village. Pourtant, si elle travaille d’arrache-pied à la ferme, elle n’est jamais considérée comme la patronne. Ces trois femmes, ce sont trois portraits d’agricultrices résidant dans un petit village montagnard. Outre leur pratique du métier et les désagréments de la vie à la ferme, ces trois fermières font face quotidiennement au sexisme, qu’il provienne de parfaits inconnus ou du cercle familial.

« Il est où le patron » est un récit collectif imaginé par Maud Bénézit et alimenté par « les paysannes en polaire » (c’est écrit comme ça sur l’ouvrage). On y suit avec beaucoup de plaisir ces femmes à la ferme. Des femmes qui ont des convictions, de l’ambition, qui sont fortes tant mentalement que physiquement et qui, pourtant, ne sont toujours pas reconnues à leur juste valeur. Pourquoi ne pourraient-elles pas être les patronnes ? Pourquoi faut-il que ce soit toujours un homme qui porte cette casquette ? Pourquoi produire du miel serait considéré comme un simple hobby et pas un emploi à plein temps ?

Grâce à de chouettes illustrations et un récit à la fois dense mais superbement bien construit, le lecteur découvre l’envers du décor. Ça ne ressemble pas à une pub pour la PAC, ni à l’Amour est dans le Pré, mais à la réalité avec ces vaches à traire, son marché pour vendre ses produits et le peu de temps qu’il reste pour soi. Une BD réaliste qui, je l’espère, permettra de mettre les points sur les « i » et de lutter contre les remarques sexistes dans le milieu (et en général aussi).