Utoya

Utoya

Utoya, trois syllabes qui font encore froid dans le dos aujourd’hui. Utoya, cette île norvégienne qui fut le témoin d’un massacre en 2011. Pour la toute première fois, l’écrivain-journaliste Laurent Obertone se glisse dans la peau du tueur, Anders Behring Breivik. Il y a plus de deux ans, cet homme a assassiné 77 personnes. Et ne l’a jamais regretté. Pour nous aider à mieux comprendre ce qui a pu se passer dans la tête de ce personnage, l’auteur nous délivre un récit puissant, organisé chronologiquement.

L’ouvrage démarre par les « préparatifs » du tueur. Anders Behring Breivik a en effet réfléchi mûrement à son projet de massacre et ce, depuis des années. Il en a même rédigé un manifeste qui dépasse les 1000 pages. Et puis juillet 2011 est arrivé. Au Parlement de Norvège, Anders Behring Breivik pose une bombe. Mais l’auteur ne s’attarde pas sur ce point et se concentre essentiellement sur Utoya. De son arrivée sur l’île jusqu’à son arrestation, rien n’est omis. Non seulement le lecteur suit le parcours minute par minute du tueur, mais il obtient de multiples détails sur chaque victime : âge, prénom, nombre de balles, organes touchés, décès. Des données qui donnent la chair de poule. Les victimes sont jeunes ; la plupart ont moins de 30 ans. Lorsqu’il est enfin arrêté, Anders Breivik ne bronche pas ; il sourit même, et adoptera le même comportement au tribunal. Aucun regret, ou presque : il aurait aimé tuer plus de monde. Une fois emprisonné, le psychologue nous fait part de ses observations quant à la personnalité d’Anders. Le lecteur découvre aussi des témoignages de survivants. Et puis nous revenons à l’histoire de Breivik, les années qui ont précédé la tuerie, sa façon de voir la vie, ses idéologies, pour tenter de trouver une explication à ce crime abominable.

Sans trop de retenue, Laurent Obertone nous livre un ouvrage puissant, qui nous embarque directement dans l’horreur d’Utoya. Alors bien évidemment, à la dernière page, et malgré des éléments-clés, on ne peut comprendre le personnage, et on ne lui souhaite d’ailleurs qu’une chose : croupir en tôle. En juillet 2011, Breivik voulait des retombées médiatiques suite à ses actes. Il en a eu plus qu’il n’en aurait imaginé. Il s’est d’ailleurs fait un malin plaisir à découvrir tout ce qui se disait sur lui ; cela le confortait dans ses idées, notamment celle de sauver le monde. Je ne sais pas s’il a eu connaissance de la parution de cet ouvrage, mais j’espère que personne ne l’a mis au courant, cela lui ferait trop plaisir.

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