
« Le cri de la mouette », c’est avant tout l’histoire de son auteure, Emmanuelle Laborit. L’écrivaine est née sourde. Petite, elle est envahie par le silence et par peur, se met à crier. Ses cris ressemblent à ceux des mouettes, d’où son surnom… »La mouette ». Emmanuelle ne comprend pas ce qui lui arrive. Comment font les gens qui se tournent le dos pour se comprendre ? Quelles sont ces ombres dans l’obscurité ? Va-t-elle grandir ? Mourir ? De nombreuses questions la taraudent. Les médecins sont formels, pour s’intégrer, Emmanuelle doit parler, aller chez l’orthophoniste, faire des efforts, bannir ce code qu’elle a créé avec sa mère pour se faire comprendre. Et puis un jour son père entend une émission à la radio qui a pour sujet la langue des signes. Pour la famille, c’est le déclic. La petite fille apprend le langage, les parents aussi. Même Marie, la petite dernière s’y met. Puis viendra le Minitel, une invention qui va révolutionner la vie d’Emmanuelle. Plus besoin de passer par quelqu’un pour téléphoner ou discuter, désormais elle sera autonome. Emmanuelle fait sa scolarité dans un établissement pour les malentendants. Mais dans cet endroit, il faut se faire « entendre » sans la langue des signes. La jeune femme ne se laisse pas démonter, elle sait qu’elle peut y arriver. Et aussi réaliser son rêve, celui de devenir comédienne.
« Le cri de la mouette » d’Emmanuelle Laborit est un récit touchant, que j’ai découvert une fois dans une liste d’ouvrages incontournables. J’ai appris beaucoup sur les sourds en le lisant, sur leur manière de percevoir le monde dès le plus jeune âge. Nos faits et gestes quotidiens qui semblent simples comme bonjour restent un mystère pour les malentendants. On constate aussi dans ce témoignage les progrès de la science, l’évolution, la perception des sourds par autrui, mais surtout l’importance de la langue des signes. Malgré certaines répétitions dans le discours, et notamment sur les émotions que l’auteure ressent, l’exclusion des signes, le rejet des sourds « Le cri de la mouette » est effectivement inévitable. Il démontre que l’on peut être heureux et réaliser ses rêves à partir du moment où on rassemble toutes ses forces pour y parvenir.