
Lorsqu’ils entendent crier une fois de plus dans leur immeuble, une locataire frappe à la porte du logement concerné pour savoir si tout va bien. On lui répond qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, qu’il s’agit de leur petite fille qui fait des siennes pour aller se coucher. Mais derrière la porte, se cache une toute autre vérité : celle d’un homme qui violente sa femme et qui s’en prend verbalement à sa fille. Pour l’instant.
Toute l’horreur tient dans cette bande dessinée titrée « Inès ». Ecrite et illustrée par Loïc Dauvillier et Jérôme d’Aviau, elle aborde les violences conjugales mais pas que. A travers un trait qui se veut sobre mais qui nous fait palpiter tout du long, nous découvrons une femme et une petite fille dominées par un homme violent, manipulateur et dangereux. Si la mère est directement prise à partie, l’enfant subit des dommages collatéraux et reste complètement traumatisée. Atmosphère oppressante, silence coupable, tout, aussi bien dans les mots que dans les images nous mettent mal à l’aise. Le scénario est simple mais d’une efficacité redoutable, au point de nous faire culpabiliser sur l’aide que nous n’apportons pas.
La BD s’achève par un dossier rédigé par Pauline Delage, sociologue spécialiste des violences conjugales. Celui-ci nous aide à mettre des mots sur les émotions ressenties au cour de l’histoire, mais aussi sur les personnages. Il y est aussi question de la prise en charge des personnes violentées et du rôle que peut jouer le voisinage, comme c’est le cas dans le récit. J’en profite donc pour rappeler un numéro qui est très important : 39 19. A l’autre bout du fil, une personne qui écoute, informe et oriente les femmes victimes de violences et/ou les témoins.
