
La vague #MeToo que l’on date vers octobre 2017 a démarré bien plus tôt qu’on ne l’imagine. Nous sommes en mai 1937, à Hollywood : Patricia Douglas, 20 ans, rêve de devenir actrice de cinéma. Elle est recrutée comme 120 autres danseuses professionnelles pour un tournage par la Metro-Goldwyn-Mayer. Le soir du 5 mai, dans la salle soi-disant dédiée au tournage en question, les jeunes femmes se retrouvent au coeur d’une soirée privée organisée pour les 282 représentants commerciaux. Le casting n’était qu’une illusion ; elles leur sont offertes en pâture. Comme beaucoup, Patricia Douglas est agressée, violée. Mais à la différence de ses consœurs, la jeune femme ne se laisse pas faire et décide de porter plainte contre le studio américain.
Histoire vraie rapportée par Halim aux éditions Steinkis, l’affaire a fait grand bruit à l’époque, et pour cause. Ce genre d’événement se réglait en privé, avec des tentatives d’intimidation, voire des arrangements financiers. Mais Patricia Douglas a eu l’audace d’aller jusqu’au bout de sa démarche. Tant pis pour sa carrière, tant pis pour son image et tant pis si elle ne parvenait pas à ses fins, face à ce géant de l’industrie d’Hollywood ; elle ne pouvait pas rester muette. Cet acte de bravoure fait de la jeune femme une pionnière en la matière. Elle porte plainte plusieurs fois et intente des actions en justice. Aujourd’hui tombée dans l’oubli, Patricia Douglas renait grâce à l’ouvrage « Seule contre Hollywood ». Si l’on y découvre une précurseuse du mouvement #MeToo, on constate également le pouvoir des grands studios, les travers et toute la machination qu’il y a derrière. Les couleurs employées, le ton sepia et la façon « story board » renforcent le côté « 7e art » de cette enquête sous forme de bande dessinée.
