Vous n’aurez pas ma haine

Le 13 novembre 2015, Antoine Leiris, journaliste, perd sa femme, Hélène, dans les attentats revendiqués par Daesh. Père d’un petit Melvil de 17 mois seulement, il rend hommage à l’être aimée, à celle qui a été sauvagement assassinée ce soir-là, lors d’un concert au Bataclan. Si le chagrin l’envahit, Antoine Leiris n’est pas haineux. La vie doit continuer malgré tout.

Antoine Leiris s’est d’abord fait connaître sur les réseaux sociaux, le 16 novembre 2015, à travers la publication du texte qui suit : « Vous n’aurez pas ma haine. Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur. Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore. Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès. Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.« 

Ces paroles sont likées, commentées et partagées tout autour du monde. A la suite de cette déclaration, Antoine Leiris publiera finalement un livre, son premier, intitulé justement « Vous n’aurez pas ma haine ». Un témoignage bouleversant, qui m’a mis la larme à l’oeil à plusieurs reprises. Dans cet ouvrage, l’auteur évoque tout d’abord le soir des attentats, l’attente insoutenable, les messages des proches et puis l’annonce de la sinistre nouvelle. Puis, en attendant l’enterrement, Antoine Leiris parle de son quotidien avec son fils, mais aussi de son amour pour Hélène, de sa façon prudente de faire comprendre à Melvil que sa maman n’est plus de ce monde. L’écrivain se mettra d’ailleurs à la place de son enfant le temps d’un instant, imaginant ce dernier prendre la plume pour parler à sa mère une toute dernière fois. Une lettre incroyablement touchante qui ne peut pas nous laisser de marbre, comme tous ces témoignages d’affection pour leur petite famille.

« Je pensais que si un jour la lune disparaissait, la mer se retirerait pour qu’on ne la voie pas pleurer. Que les vents cesseraient de danser. Que le soleil ne voudrait plus se lever. »

8 réflexions sur “Vous n’aurez pas ma haine

  1. Je suis pas sûre d’avoir le courage de lire ce livre car c’est quand même très difficile. Ton article a retranscris l’essentiel de son message je pense . Je m’en contenterais !

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  2. Comme Estelle, je ne pense pas être prête à lire ce genre de témoignage. Drame trop récent peut être… L’auteur est également passé dans une des émissions de LGL, une lecture certainement très touchante…

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